Distribution des films tchèques et slovaques en France
Distribution des films tchèques et slovaques en France
Pour la première fois, les Dijonnais ont pu profiter du Czech-in film festival, événement qui met à l’honneur le cinéma tchèque et slovaque. Cette 5 e édition, dont la première session était à Paris en mai dernier, célébrait le centenaire de l’état tchécoslovaque.
À l’Eldorado, cinéma indépendant de Dijon, cinq films au total ont été projetés pendant quatre jours : Family Film d’Olmo Omerzu ; Little Crusader de Vaclav Kádrnka ; Le loup de Vinohrady de Jan Nĕmec ; Sur la ligne d’Andrea Sedláčková ; Gottland de Viera Cakanyová, Petr Hátle, Lukáš Kokeš , Rozálie Kohoutová et Klará Tasovská. Chaque projection a été introduite par Markéta Hodouskova, l’organisatrice du festival. Pendant ces moments de complicité avec le public, elle a expliqué le choix des films et en a présenté rapidement les enjeux. Cette approche didactique a vraiment mis en valeur la cohérence de la programmation.
Moment fort du festival : la venue du réalisateur Václav Kadrnka juste après la projection de son film
Le vendredi soir, le réalisateur de Little Crusader est venu parler de son film et répondre aux diverses questions du public. Son intervention était fluide et parfaitement préparée. Il parlait en tchèque mais Markéta Hodouskova traduisait avec aisance ses dires et ceux du public.
Grande fresque onirique au rythme très lent, Little Crusader désarçonne dans un premier temps son spectateur. Loin du héros classique, ce père, totalement dépassé par les événements semble porté par son destin comme dans un rêve. Il comprend, au bout du chemin que sa recherche est vaine : retrouver son fils c’est avant tout accepter de faire son deuil. Voilà comment on peut interpréter la dernière scène du film.
Rappel du synopsis Présenté comme un « road-movie » médiéval, Little Crusader est l’illustration d’un poème romantique de Jaroslav Vrchlicky. Il s’agit du voyage initiatique d’un père cherchant désespérément son fils, parti pour une mythique « croisade des enfants ». La réelle réussite du film, en dehors de ses prouesses esthétiques, est sa légèreté. Cette innocence, portée par ces enfants, libère l’œuvre de toute lourdeur intellectuelle. Cependant, cette expérience mystique a ses travers : le spectateur, ancré dans son rôle passif de spectateur peut garder une vision distanciée de l’intrigue et avoir du mal à ressentir réellement les émotions. Néanmoins, dans l’extrême majorité, le public a été très réceptif.
Suite à l’intervention de M. Kadrnka, le public a été convié à un buffet dans le hall du cinéma tout comme la veille, lors de la soirée d’ouverture. En dégustant les nombreux plats préparés pour l’occasion, les langues se sont déliées et bon nombre en ont profité pour parler du film de manière plus informelle avec leurs voisins.
Peut être le plus émouvant : Sur la ligne d’Andrea Sedláčková
Sur la ligne est un film bouleversant est d’une très grande justesse. Inspiré d’une histoire vraie, Sur la ligne exprime avec beaucoup de réalisme l’ambiance d’une époque, sans jamais faire dans le pathos. Le regard lucide de sa réalisatrice, sensible aux moindres détails touche dans un premier temps ceux qui ont, de près ou de loin, été témoin de cette époque. Cependant, le film arrive à dépasser ce cadre et à mettre en lumière des émotions universelles qui parlent à tout le monde : l’aspiration à la liberté ; le besoin d’être reconnu ; la volonté de rester fidèle à ses convictions, l’envie de se dépasser… Impossible de ne pas s’identifier à ces personnages qui débordent d’humanité.
Le Czech-in film festival, pendant ce long week-end, a su montrer aux adeptes comme aux personnes venues par curiosité toute la richesse du cinéma tchécoslovaque. Dans le public, beaucoup de tchèques bien sûr mais aussi des habitués du Cinéma Eldorado qui reviendront sûrement l’année prochaine, si le festival repasse à Dijon.